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18 juin 1992 

Monsieur Yves Lussier
C.T.Q.
1999, bd. Roland Therrien
Longueuil (Qc)
J4N lE5 

Cher Monsieur Lussier, 

J'ai été très surprise de constater que vous étiez dans de bonnes dispositions de  réceptivité et de compréhension de la situation concernant les conditions inhumaines que doivent vivre les participantes du programme PAIE ainsi que les employés réguliers chez Hasbro Canada Inc. 

Vous semblez bien cerner la situation, puisque vous avez spécifier lors de notre conversation téléphonique de la semaine dernière, alors que j'ai été renvoyer parce que je portais une jupe-culotte, vous ne savez pas ce qu'ils attendent pour automatiser cette usine, car vous savez que le travail à la chaîne demande une résistance à toutes épreuves, car il demande beaucoup d'efforts physiques, ainsi que psychologique à cause des heures de la part des employés. C'est hallucinant de voir passer sous nos yeux le même objet, et assembler les mêmes morceaux pendant neuf heures debout par jours, à se contortionner de gauche à droite sans cesse, à se couper, s'érafler et s'égratigner avec ces objets, sans compter que les mouvements saccadés répétitifs et continus, à raison d'un objet aux sept secondes provoques des tensions musculaires dans les bras, les épaules et le dos, que l'on se demande si on nous prend pour des êtres humains ou des robots. Depuis six semaines que je suis là, je me dis que si on mettais un fouet dans les mains de ces gens là, je crois qu'ils n'hésiteraient pas à s'en servir pour nous faire aller plus vite. 

Mais il y a d'autres manifestations encore bien plus subtiles d'abuser et d'exiger toujours plus d'employés, comme celles d'augmenter la vitesse du tapis roulant au cinq secondes dans le but d'augmenter la productivité. 

Si par malheur on oublie de poser un morceau ou même une feuille d'instruction, on viens nous réprimander sur un ton sec et accusateur en nous faisant signer une feuille de contrôle qui se retrouve dans notre dossier, comme si l'erreur humaine ne nous était pas permise à cette vitesse vertigineuse, et dans le but de trouver des raisons soit disant valables de notre incompétence au travail, et de nous mettre éventuellement à la porte. 

En un mot, on cherche des morpions là ou il n'y en a pas afin de justifier notre mise à pied éventuelle et ce de façon très subtile. 

Il va s'en dire que nous sommes toutes exténuer et nous n'avons plus le même enthousiasme du début du programme PAIE. En plus des neuf heures normales de travail, les employés ont travailler jusqu'à six heures et même neuf heures en temps supplémentaires cette semaine et doivent rentrer samedi toute la journée en plus. 

S'il y a tellement de travail, pour quelle raison passent t'ils leurs temps à mettre des bons travailleurs à la porte en réengageant d'autres pour les remplacer, soit disant qu'ils n'ont pas de permanence à offrir. Même si vous dites ne pas avoir la même version de votre côté, vous serez en mesure de constater que le temps va bientôt me donner raison, puisque je suis aller le demander personnellement dans le bureau de mon patron M. Mickel. 

Depuis ce temps, on me fait subir la guerre psychologique, encore plus subtil, pour que je quitte de moi-même, mais je me disais qu'à moins de tomber malade, je leurs tiendrais tête jusqu'au bout. C'est pour cette raison que je vous informe de ce qui se passe, car je suis prête à parier ma vie que les commentaires de mes supérieurs ne risquent pas d'être en ma faveur, car j'ai fait part de mes démarches à M. Mickel auprès de vous et du Front Commun des Personnes Assistées Sociales et que je prendrais un avocat pour les poursuivre s'il le fallait. 

Il ne faut pas oublier que je ne suis pas la seule à vivre cette situation et il y a d'autres témoins avec lesquelles je resterai en contact le jour ou cela s'avèrera nécessaire. Je n'ai pas l'intention de me faire traîner dans la boue par une compagnie, qui avec la participation du Centre Travail Québec dans le but de rentrer dans les statistiques irréelles de fausses créations d'emplois de Monsieur Malronner à Ottawa et de Monsieur Bourasseux à Québec, pas plus que je ne tiens à être prise au piège administratif Embourbé de Monsieur Bourbeau notre cher minus du travail. Où en sommes nous rendu pour devoir payer des employeurs exploiteurs, pour nous faire travailler dans des conditions qui découlent presque de l'esclavage caché aux yeux des contribuables qui croient que leurs taxes vont pour la créations d'emplois et la formation professionnelle. Je parie que si je contactais un journaliste, ou une émission d'intérêt publique télévisé que mon expérience pourrait en réveiller plus d'un et j'y songe sérieusement. 

Naturellement, même si l'administration de Hasbro Canada lnc. ne vous donne pas le même son de cloche que moi, je vous invite fortement à convoquer les participantes du programme PAIE à vous rencontrer à votre bureau une à une, et vous serez en mesure de mieux juger de la situation réelle après analyse. De toute façon la vérité fera surface un jour ou l'autre, car je m'y engagerais. 

Je vous fait parvenir les documents concernant un accident fâcheux qui s'est produit au travail alors qu'on nous demandait de descendre des boîtes aussi grosse que des réfrigérateurs à bout de bras sur des palettes, pour ensuite empiler les jouets divers sur d'autres palettes afin de les classifier. Nous avons donc fait le ménage de l'usine, en soulevant trop souvent des poids trop pesant pour nous et ce à nos risques. 

En effet, le 4 juin dernier, j'étais assigné à ce genre de travail et il y avait quatre boîtes énormes avec huit vélo de plastiques de six livres 

chaque, sans compter le poids de la grosse boîte en question et je devais descendre celle sur le dessus en premier, et c'est à ce moment que j'ai senti une douleur aiguë dans les épaules, alors que je glissais la boite en question au bout de mes bras en l'air, tout en glissant ce poids par terre.

C'est de peine et de misère que j'y suis arrivé et j'ai ressenti des vertiges et je voyais des étoiles, le coeur me palpitait et les bras m'ont engourdis, je croyais sur le coup être victime d'une attaque cardiaque. 

Ma contremaître m'a aperçue et m'a demandé ce que j'avais, et je lui ai dit que je devais aller à la toilette pour m'asperger d'eau froide que j'avais eue un malaise et je sentais que j'allais perdre connaissance. C'est ce que j'ai fait, puis elle est venue à ma rencontre pour m'amener dans le bureau de M. Mickel qui m'a demandé ce que j'avais et j'ai éclaté de colère en lui disant qu'on avait pas idée de nous demander de forcer après des boîtes de cette grosseurs et pesanteurs et nous faire aller si loin dans une autre rangée avec le contenu pour nous faire remplir des palettes. 

Puis je suis retourné dans ma section et j'ai continué le travail, mais j'ai rouspéter tant et aussi longtemps que l'on n'a pas modifier la distance à parcourir et c'est ainsi que plus tard en journée, le patron est venu voir la situation et nous a dit de monter les palettes dans notre sections. Par contre, nous avions toujours les boîtes de tout les formats à enlever des palettes qu'on nous amenaient et là nous n'avions pas le choix. 

Suite à cet incident, j'espérais que cette douleur s'en irait d'elle-même, mais la fin de semaine dernière, j'ai dû garder le lit car j'avais les épaules barrées, et je ne pouvais tourner la tête et la douleur était aiguë. Le 15 juin je suis aller travailler et j'ai rapporter mon accident à la secrétaire de M. Mickel après lui avoir mentionner et je lui ai fait part de mon intention d'aller passer un médical après le travail, à savoir si j'avais besoin de lui donner un papier pour prouver mon état. 

Vous trouverez ci-joint le résultat de ma visite chez le médecin et je dois suivre de la physiothérapie à tous les jours pour m'aider à retrouver ma santé. Je rentre toujours au travail et heureusement je suis assigner sur les étiquettes pour le moment, mais que va t'il m'arriver si l'employeur refuse de me payer mes heures pour aller suivre mes traitements? Entre vous et moi, ce programme PAIE profite plus à la compagnie et à la sécurité du revenu qu'à la personne participante et étant déjà au salaire de "cheap labor", je ne peut me permettre de ne pas avoir l'argent qu'il me faut pour payer mon loyer. En plus des migraines que cet accident me cause, je dois me casser la tête à savoir comment je vais faire pour le loyer et le programme PAIE ne m'aura qu'occasionner encore plus de casse-tête que j'en ai besoin. 

Naturellement quand on se retrouve sur les travaux légers chez Hasbro, on n'a pas le traitement de faveur et de sympathie, puisque nous sommes deux à souffrir du même mal et la contremaîtresse ne nous épargne pas ses sarcasmes en paroles et en gestes, car celle-ci n'a pas mal dans le cou et les épaules. Alors les intimidations persistent et j'agonise à petit feu. Cela fait partie du jeu pour que je donne ma démission, de cette façon je ne pourrais pas porter plainte contre eux si la durée du mandat entre vous et eux n'est pas respecter. Si la frustration me fait perdre la maîtrise, je vais casser le cou de cette contremaîtresse et elle va comprendre à quel point notre qualité de vie peut être diminuée, en plus de consacrer des heures incalculables afin de suivre des traitements qui sont douloureux chez un physiothérapeute ceci dit, ça n'est pas un luxe que nous nous payons pour le plaisir de la chose. 

Je vais ATTIRER cette situation à Monsieur Marc Yvan Côté dans le but de lui faire savoir que si le dos des Canadiens est si fragile, ça n'est pas nécessairement de la faute des travailleurs, mais bien celle des patrons qui ambitionnent sur la capacité physique des travailleurs. 

Je reformule ma demande de me sortir de là avant que je ne fasse un malheur, car les nerfs me manquent et je vous tiens responsable de m'avoir envoyer dans cet enfer. Après mes traitements, je pourrais participer à un autre programme, mais je serais très curieuse sur la nature de cet emploi à l'avenir. Je ne suis pas de celle à débarquer en cours de route, mais j'ai atteint mes limites physiques et morales chez Hasbro Canada Inc, et vous en avez été informer. Comme c'est là, je suis le morceau de viande entre les deux tranches de pains (Hasbro et vous) et je suis une des victime de votre système qui ne procure que des emplois précaires à des travailleurs désireux de s'en sortir et vous devez payer cette compagnie pour nous prostituer comme travailleurs. 

Vous êtes vous jamais mis à notre place pour savoir comment on se sentais. Ah oui, je sais, vous êtes comme M. Mickel, vous suivez les directives de vos supérieurs. 

En attendant on se fait les dents sur le dos des chômeurs et personne n'est responsable. En tout cas, si j'avais voulu me mettre dans la m.... j'aurais bien pu faire cela toute seule et je n'avais pas besoin du programme PAIE pour cela. Croyez moi, je bougerais ciel et terre pour que justice soit faite, car mon seul souhait est de me trouver un emploi normal, de façon conventionnelle à cause de mes qualifications et mon potentiel, dans le but de retrouver mon autonomie et ne plus jamais avoir affaire avec le fameux b.s. (bonheur social), qui s'avère être plus un cauchemar pour ceux qui en ont réellement besoin en attendant que leur situation ne s'améliore. 

Veuillez accepter, cher monsieur Lussier, mes salutations les plus distinguées. 
 


Gennie Ginette Gagné 


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