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Longueuil, le 9 juin, 1992 

Madame Elyse Girard
Centre Travail Québec
1999, bd. Roland-Therrien
Longueuil (Qc)
J4N lE5 

Dossier: CAGG255749A6 

Chère Madame Girard, 

J'ai tenté, mais en vain de vous rejoindre toute l'avant-midi, afin de vous faire part d'une situation vraiment navrante concernant le programe PAIE dont je suis participante volontaire à la compagnie Hasbro Canada Inc. 

Tel que discuté lors de notre entrevue le 30 avril dernier, j'ai fait part à madame Maria Valastro, service ressources-humaines chez Hasbro de la possibilité d'extentionner mon engagement de 18 semaines afin de compléter 20 semaines. 

Le 7 mai 1992, je vous informais par lettre que je débutais le 11 mai chez Hasbro et que j'étais enchantée de cette décision car c'était un pas vers l'autonomie et je souhaitais de tous coeur travailler. 

Monsieur Bruno Mickel, contremaître de l'usine du département de la production nous a fait signer des formulaires internes et expliquer la politique de Hasbro Canada inc.  J'ai signé un formulaire de la compagnie sur lequel était indiqué OPÉRATRICE DE LIGNE, DÉPARTEMENT PRODUCTION, EMPLOI SAISONNIER D'UNE DURÉE DE 20 SEMAINES A TEMPS PLEIN 40 HEURES PAR SEMAINE". 

Il était entendu que tout nouveau employé se devait de payer 9.00$ de cotisation syndicale la première semaine et 7.00$ les semaines consécutives. Il ne fut nullement mention de devenir membre ou non de l'union et en tant que candidate du programme PAIE tout ce que je savais c'était que ma candidature avait été accepté pour une période de 20 semaines qui se veut un programme de réintégration sur le marché du travail par une entente préalablement établie entre le C.T.Q. et les compagnies désireuses d'être subventionner. 

C'est avec un immense enthousiasme que je me rendais au travail, dans le but d'acquérir une expérience de travail récente et surtout de ne pas avoir à retourner sur la sécurité du revenue après mon engagement de 20 semaines. 

La deuxième semaine de mon engagement j'ai appris à la suite de rumeurs qui circulaient, que la compagnie congédiait tout employés qui n'étaient pas syndiquer avant d'accomplir ses trois mois ou 600 heures. J'ai donc demandé une entrevue avec M. Mickel qui m'a confirmé cette politique et que la raison du congédiement serait due au fait qu'ils n'ont pas de permanence à offrir. Si ce prétexte est justifié comment est-t'il possible que cette compagnie congédie de six à sept employés par semaine, cinq minutes avant la fin de la journée de travail le vendredi, et le lundi matin six à sept nouveaux employés sont réengagés. Ce manège se déroule à chaque semaines depuis que je suis là et je vous prie de croire que c'est insécurisant de savoir que bientôt ce seras mon tour et ce sans raison valable. 

C'est déjà difficile de s'adapter à un nouvel environnement de travail et de se faire accepter par des employés à temps plein qui sont dans l'union qui vous traitent comme si vous arriviez d'une autre planète, qu'il faut en plus vivre avec l'insécurité de savoir que la porte vous attend sans aucun motif. Ma mise à pied est donc éminente très prochainement et je n'aurais même pas accumulé la moitié des semaines de travail requises par l'assurance chômage et plutôt que de me retrouver dans une situation de faire un pas en avant, après avoir servi comme un vieux torchon qui ne sert à personne je reviendrais à la case départ comme si je n'avais rien fait pour m'en sortir. Il va s'en dire que depuis ma rencontre avec M. Mickel il y a une ambiance de tension dans l'air, comme si j'avais percer un secret des Dieux. 

Ce matin j'ai appelée M. Mickel afin de lui faire savoir que pour la deuxième fois la pédale gauche de mon vélo avait été saboté et que j'étais tombée en route pour le travail et en prenant mon hier après le travail, mon cadenas avait disparu car n'ayant pas d'endroit pour verrouiller les vélos, nous devons l'accoter contre le mur de l'usine et seulement les employés de l'usine y ont accès. Sans compter que pendant deux semaines mes pneus étaient dégonflés et je l'ai aussi porté à l'attention de M. Mickel. Par contre comme il me l'a fait remarquer, je n'ai pas de preuve et je rie peu donc porter accusation, mais il constate qu'il y a définitivement quelqu'un qui m'en veut. Si seulement ça n'étais que le fruit de mon imagination, mais croyez vous que je risquerais de raconter des histoires semblables et de risquer de passer pour une hystérique. Vous ne connaissez pas mon orgueil et je ne suis pas aller à cette compagnie pour vivre de telles expériences aussi humiliante. 

Je sollicite la possibilité de compléter un autre stage qui respectera les conditions préétablies et ce dans les plus bref délais, car je n'ai plus l'enthousiasme que j'avais en ce qui concerne une compagnie qui n'a aucun éthique professionnel envers des travailleurs. Je vais avoir 43 ans le mois prochain et je n'ai pas le goût de jouer à des enfantillages semblable avec des gens qui sont déjà dans la misère. 

Je tiens à souligner que je ne me laisserai pas manipuler par personne et que pour être sûre que j'ai bien saisie les conditions concernant ma participation volontaire à quelque programme que ce soit, je me ferai accompagner par un membre du Front Commun des Personnes Assistées Sociales, ceci dans le seul but qu'un incident comme celui je me trouve présentement n'arrive pas à nouveau. La parole d'un récipient de la sécurité du revenue ne pèse pas lourd dans la balance de la justice, versus une multinationale comme Hasbro Canada inc. J'espère que vous comprendrez mes appréhensions et qu'une telle situation ne présentera plus. 

Vous serez informer dès que surviendra un changement de ma situation et je continuerais à donner mon maximum à mon employeur actuel malgré les circonstances, car j'estime que tout travail mérite d'être bien fait peut importe les circonstances. C'est avec regret que je vous fait part de ces circonstances, mais je tenais à vous en informer, car vous aurez, si ce n'est déjà fait, la version de mon présent employeur. Je dois tout de même le remercier d'avoir été franc envers moi après lui avoir demandé et je peu comprendre qu'il n'applique que les directives de son supérieur. 

Je demeure à votre entière disposition pour tout autre mandat dans le but de compléter les semaines ou encore un mandat plus long si jamais vous en aviez. Mon plus vif désir est de me trouver un travail et je souhaite que tous les efforts des études spécialisées me portent fruit un jour. 

Bien à vous, 


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